
La citadelle dans la ville, projection d’un pôle revalorisé
Située dans la partie Nord de la ville d’Amiens sur les traces d’une ancienne voie romaine, la Citadelle fut construite durant le XVIème siècle par l’ingénieur des fortifications du Roi, Jean Errard. Elle constitue actuellement une limite franche dans le paysage urbain par sa superficie et sa fermeture au public.
En terme d’aménagement extérieur, le but du projet de Renzo Piano Building Workshop est de rendre accessible ce site à l’ensemble des habitants et visiteurs d’Amiens tout en rendant possible son entretien par une répartition de l’espace extérieur à différents acteurs tels que l’université, la mairie, ainsi que les acteurs des divers usages à l’échelle du programme proposé par l’agence (restauration, surfaces commerciales, sensibilisation du public, ...).
En outre, le réamménagement proposé par ce projet permettra de donner une identité à par entière à cet espace dans la ville en proposant parc et activités à l’image d’un quartier, tout en l’intégrant dans la composition paysagère alentour existante et future (1).

Sources :
Les Textes :
D'après la visite des 17 et 18 septembre 2015 animée par Paul Vincent et les propos de Jean Pattinson, tous deux architectes de l'agence Renzo Piano Building Workshop.
D'après la conférence inaugurale de Paul Vincent à l'ENSAL en septembre 2015
Le site de la ville d’Amiens www.amiens.fr/
Les Images :
D’après les documents de l’agence Renzo Piano Building Workshop [(1), (2), (6), (8), (10), (11), (12) et (13)].
Photos prisent au cours des visites des 17 et 18 septembre 2015 par les étudiants.
Schémas repris ou réalisés par Chiara Lippi [(5) et (7)], Lucile Masson [plan contextuel, (5) et (9)] et Henrik Per Almquist [(3), (4) et ses photos].

(1)

Pour Renzo Piano, la place accordée au traitement de l’espace extérieur est aussi importante que celle délivrée au projet bâti et n’est en aucun cas un résidu pensé a posteriori. L’aménagement extérieur est en réalité la première source de réflexion de l’architecte et figure dès le début de la conception, sur les croquis et plans du projet (2), et évolue en résonnance avec l’architecture.
L’organisation projetée découle de l’existence d’une promenade verte sur-élevée entourant le site (3). Cette dernière est conservée à la fois pour ses qualités environnementales/végétales et pour les points de vue variés qu’elle offre à la fois sur la ville et le projet. Le projet bâti reprend la trame Est-Ouest, formant une parallèle avec les édifices existants conservés. L’organisation du bâti permet de créer des zones extérieures publiques ou collectives qui s’adressent à des groupes d’individus spécifiques selon les usages proposés.
L’idée de Renzo Piano et l’innovation de sa démarche intellectuelle
(2)

(3)
Pour en savoir plus sur la mixité d' usage
Plus de 20 usages différents sont répartis sur ce site et apportent, par leur diversité et les publics multiples qu'ils touchent, une grande mixité.

La citadelle reste un site relativement fermé de par sa typologie, cependant le désir d’y accueillir le public et de lui en laisser l’appropriation permet de rendre ses limites plus poreuses.
Le projet est desservi par un total de trois entrées (4) : au Nord-Ouest avec une passerelle enjambant le vide des douves et rentrant en contact direct avec l’enceinte en brique (A) ; au Sud, une entrée dédoublée et proche du fleuve (B,C) ; à l’Est, un ensemble de percées qui retravaille et aère l’Avenue du Général de Gaulle (B).
La place et la promenade dédiées aux visiteurs et à l’ensemble des occupants des lieux sont de fait accessible de toute part. Ces entrées engendrent des mouvements qui favorisent les zones de rencontre d’usages, d’échanges du public, de repos, ...
Ainsi, l’enceinte conserve sa fonction de filtre face à la ville tout en facilitant l’accès au site pour le rendre plus accessible et parcourable de part en part.
Le patrimoine fort et unique des ouvertures dans la limite du site marque d’autant plus ces accès, les souligne et les valorise. Ils définissent une première approche du site en exprimant l’ambiance historique des lieux. C’est un endroit à valeur patrimoniale portant une histoire forte et complexe.
La frontière matérielle du projet et ses percées



(4)
(A)
(B, C)
(B)
La géographie initiale, la conception de l’ouvrage militaire et l’organisation urbaine limitrophe ont construit un site unique dans la ville, avec une identité particulière à préserver. Le site distingue quatre entités (5) : la promenade haute, qui suit les murs à l’intérieur de la Citadelle et s’étend sur la toiture de l’ancienne caserne ; le plateau Nord, avancée haute de la ville proche de la Citadelle, territoire dissociable de l’ensemble monumental ; le cœur formé par l’ensemble bâti central, délimité par la place ; et enfin la promenade basse, dans les anciens fossés, qui constitue l’interface entre la ville et le monument.
La promenade, de part sa position en haut des bastions, crée un parc de sept hectares dominant la ville et son fleuve ainsi que le site du projet et agrémente ce dernier d’un parcours où s’alterne des lieux de rassemblement et de promenade (6). La masse végétale préservée sera retravaillée pour accueillir ce séquençage, dans le respect de la faune s’y logeant.
Pour respecter l’histoire contextuelle, le repère altimétrique du projet correspond à la hauteur du toit terrasse du Grand Casernement et du chemin de ronde qui domine le site. Ceci permet d’agrandir la perspective donnée sur la ville et de créer un lien entre la Citadelle et la Cathédrale située dans le centre historique.

Une promenade qui organise l’espace dans toutes ses dimensions
(5)


(6)
Pour en savoir plus sur la boite signal
En plus de ses fonctions d'usages, la boite rouge surplombe l'ensemble du projet et est directement reliée à la ville par son accroche visuelle depuis la cathédrale et sa vue sur celle-ci. Elle est un lien à la ville.
La nature du site fait que le lieu présente un dénivelé fort, avec des étagements permettant la répartition d’activités et l’accès PMR (personnes à mobilité réduite), et un cœur géolocalisé, la Place d’Armes. La promenade, qui se développe sur différents niveaux, le met en avant et permet un séquençage du parcours ainsi que du statut des espaces extérieurs (7). La promenade publique est une propriété de la collectivité et ferme donc ses portes à des horaires fixes déterminés. Les rues dans les zones scolaires, quant à elles situées dans la propriété de l’université, sont accessibles lors des horaires d’ouverture de cette dernière et utilisées par les étudiants. Néanmoins, des fonctions comme la bibliothèque sont ouvertes à tous et la location de salle par des tiers dans l'enceinte du bâtiment est possible (8). La toiture de l’établissement scolaire, également prolongement de la promenade, a une régulation mixte gérée par l’université en fonction de la fermeture du parc.
Le dénivelé devient alors un moyen intéressant de faire transition entre les espaces déterminés publiques et les espaces collectifs du lieu, réservés à un groupe de personnes sujet à des usages particuliers.
Ainsi, l’intérieur de la Citadelle sera à la fois ville et paysage, espace de travail et d’urbanité, organisé selon une hiérarchie subtile de points de vue et de fonctions.

(7)
Renzo Piano dit lors de sa première approche du site de la Citadelle ;
« J’ai eu la joie de me promener sur les remparts, la “côte des canons”.
Il y a quelque chose que le passé nous a donné et qui est précieux..».
Pour en savoir plus sur la mixité d'usages
Il s'agit d'une innovation programmatique mise en place par Renzo Piano Building Workshop afin d'optimiser le programme et de créer "une université dans un espace public" en lien avec la ville.
(8)
Des espaces extérieurs majeurs transitoires et créateurs de pauses dans le parcours
Un projet pour les habitants et appropriables par les usagers.
La grande place centrale a la fonction de catalyseur, non seulement des usagers du site mais également des usages eux-mêmes qui se concentrent autour d’elle (9). De plus, les accès au projet convergent à son emplacement et la rendent d’autant plus vivante.
Son aménagement est financé et entretenu par la commune. Le sol exploite le système Diabolo, dispositif permettant l'absorption de l'eau pluviale et la création d'une surface plane. lI donne à la place une orientation visuelle convergent sur la boîte signale (10) et (11). Le public peut s’y asseoir et le parcourir.
Le mobilier proposé (banc, chaises/tables et poubelles) prolonge les usages entourant la place et permet l’organisation d’événements.
La végétation est très mesurée pour conserver des perspectives ininterrompues sur cet espace et accentuer sa grandeur.
(9)
La Place d’Armes



(10)
(11)
Pour en savoir plus sur le système Diabolo
Il s'agit d'une innovation technique mise en place par Renzo Piano Building Workshop afin de proposer des espaces extérieurs où étudiants et visiteurs puissent s'asseoir sur un sol horizontal sec en toutes saisons.
La place universitaire et ses “rues”
la citadelle comme une université dans un espace public.
En partie Nord de la citadelle se situe un autre espace à caractère publique, à la confluence de l’entrée Nord et des bâtiments de l’université. Cet espace, bien que plus étroit et linéaire dans le cheminement qu’il propose, est un élément de transition et de pause important par le dénivelé qui l’anime.
Ainsi, cette place est constituée de plusieurs niveaux en pente qui la divisent et la séquencent d’avantage (12).
Les constructions de l’univeristé sont multiples, mais intégrées dans un ensemble visuel qui donne une identité à l’espace extérieur.
La composition architecturale des rues de l’université prolonge l’aménagement extérieur par sa transparence et sa légèreté (13).


(12)

(13)
