

Les Hortillonnages d'Amiens
Claire Chappart, Jules Cadiergue, Mathilde Padilla



Présentation et définitions
Les hortillonnages sont des parcelles de terre entrecoupées par des canaux artificiels, formant de nombreux îlots habités ou bien cultivés. Ce terme provient du nom picard de ces maraîchers, les hortillons. Il existe deux types de canaux, les rieux et les fossés. Rieux est un mot picard signifiant «ruisseaux». Ce sont les canaux publics où la navigation est autorisée pour tous, tandis que les fossés sont les canaux privés qui permettent l’accès aux propriétés.
Webographie
www.youtube.com/ vidéo de Serge Wencker.
www.hortillonnages-amiens.fr/
larcher.c.free.fr/HORTIL.HTM
fr.wikipedia.org/wiki/Hortillonnages_d’Amiens
fdinfo.free.fr/lhh01.htm
Bibliographie
Plaquettes de l'office du tourisme et de l'Association pour la Protection et la Sauvegarde du site et de l'Environnement des Hortillonnages.
Iconographie
1. photo de Jules Cadiergue
2. www-preprod.somme-tourisme.com
3. photo de Claire Chappart
4. larcher.c.free.fr
6. Plan Géoportail
8. dientre.com
11.lesrandonneursovillois.over-blog.com
On se déplace dans les hortillonnages principalement en barque ou à pied en longeant les cours d’eau par les chemins de halage, qui servaient autrefois à faire passer les chevaux le long de la Somme pour tracter les péniches. Aujourd’hui, dans les quartiers du centre-ville, des voiries sont accessibles pour les piétons et véhicules.
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Historique
Les origines des hortillonnages sont incertaines, mais certains manuscrits révèlent qu’ils datent d’avant l’époque romaine. D’ailleurs le terme «hortillonnage» viendrait du latin «hortus» car les soldats romains de Jules César auraient baptisé les jardiniers «hortulani», qui sont par la suite devenus les hortillons en picard.
En revanche, nous savons qu’avant d’être cultivable, le site des hortillonnages n’était que des marécages. L’Homme est à l’origine des nombreux canaux qui parcourent la ville. Les canaux ont été creusés artificiellement pour délimiter les parcelles, et la terre récupérée au fond de l’eau a servi à rehausser les terrains et lisser les berges. Si les canaux n’étaient pas entretenus régulièrement, les terrains redevenaient marécageux.
Les hortillonnages ont d’abord été exploités pour la tourbe, qui constituait une importante source de combustible, utilisé par les habitants comme moyen de chauffage.
Ensuite, les hortillonnages ont été utilisés comme site de cultures maraîchères. Leur surface s’est aujourd’hui bien réduite. On comptait environ 10000 ha à l’origine, puis 1500 ha au 15ème siècle, 500 ha en 1900 et il n'en reste plus que 300 ha aujourd’hui. Des 1000 hortillons d’origine, il n’y en avait plus que 47 en 1762. Aujourd’hui, il ne reste que sept couples d’hortillons qui exploitent cette terre si particulière et font le commerce de leurs légumes. Leur nombre a beaucoup diminué, mais ils cultivent toujours une grande variété de légumes sur leurs parcelles : salades, radis, betteraves, courges, pomme de terres, potirons, navets, tomates, choux, carottes, aubergines, courgettes, topinambours , céleris, poivrons, piments…


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Aujourd’hui, les hortillons vont vendre quotidiennement leurs récoltes sur les marchés alentours. Le marché sur l’eau, qui à l’époque avait lieu plusieurs fois par semaine, n'a lieu désormais qu'une fois par an, le troisième dimanche de juin lors de la fête des hortillonnages. Les hortillons, revêtus de la tenue traditionnelle picarde, descendent les canaux sur leurs barques remplies de fleurs, fruits et légumes jusqu’au quartier Saint Leu où un grand nombre d’habitants et visiteurs les attendent chaque année.
Depuis plusieurs siècles, notamment grâce au travail de l’Association pour la Protection et la Sauvegarde du Site et de l’Environnement des Hortillonnages fondée en 1975, les hortillonnages ont su préserver leur aspect et même leurs techniques d’entretien et de culture.
La préservation de ce patrimoine fort de la ville d'Amiens passe également par des évènements de sensibilisation. Le festival Art, villes & paysage a lieu tous les ans sur le site. De nombreux artistes, paysagistes ou plasticiens viennent exposer leurs projets pour redessiner le paysage amienois. Ces différents évènements permettent de faire connaître les hortillonnages et de les préserver.





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Technique
1) La tourbe était extraite du fond des premiers canaux grâce à un outil appelé grand louchet. Son invention par Eloi Mouchet a permis de simplifier le travail des paysans et de faire baisser le prix de la tourbe.
2) Pour naviguer dans les hortillonnages, les habitants utilisaient des barques dites « barques à cornet » car leur nez est relevé afin de ne pas abimer les berges lors qu’elles entrent en collision avec celles-ci. Ces barques sont traditionnellement noires et possèdent un fond plat adapté aux faibles profondeurs des canaux (moins de un mètre). Autrefois, les hortillons les dirigeaient à l’aide d’une perche, maintenant, la plupart des barques sont équipées de moteur et utilisées à l’envers pour plus de facilité de maniement.
3) Les berges sont fragiles car elles sont composées de vase et d’alluvions (sédiments transportés par les courants), c’est pourquoi elles demandent un entretien constant. Autrefois, les berges étaient refaites à la main une fois par jour par l’hortillon qui remontait du fond de l’eau les alluvions sur la berge puis lissait l’ensemble pour créer une pente à l’aide d’un outil appelé une drague. Ce type de berge se détériore très vite. Il demande un entretien quotidien et doit être complètement refait au moins deux fois par an. Il a donc fallu utiliser une technique plus efficace.
4) De nos jours, les membres de l’association chargés de l’entretien des canaux s’occupent de rafraichir le tunage bois le long des rieux. En effet, les berges ont tendance à s’affaisser à cause du courant et du batillage de l’eau provoqué par le vent et le passage fréquent des barques. On vient remblayer la pente avec la terre récupérée au fond des canaux. On la protège ensuite avec un géotextile et un grillage en acier galvanisé qui laisse passer les eaux pour irriguer les cultures. Le tout est maintenu par le tunage fait à l’aide de planches de chêne soutenues par des pieux en acacia, enfoncés dans le canal à l’aide d’un marteau pilon. On ajoute ensuite un autre grillage pour éviter que le rat musqué, principal nuisible de ces jardins flottants, ne vienne détériorer la structure en creusant des galeries. La berge est ensuite renforcée en arrière des terres grâce à un plus grand pieu servant de tirant. Il est planté à un mètre de la berge et relié à deux ou trois pieux de rives grâce à du fil de fer. Ainsi, la berge a une durée de vie d’environ 20 ans. Pour compléter cette construction, l’hortillon doit planter certains types de végétaux le long des rives qui servent à consolider le remblais et la berge existante.
Il existe d’autres moyens d’entretenir les berges des hortillonnages comme les fascines (fagots de branches vivantes de saule, placés et fixés entre deux rangées de pieux) ou le clayonnage et tressage de végétaux (branches vivantes de saules entrelacées autour d’une rangée de pieux et protection du remblayage en amont) . Ces deux systèmes sont surtout utilisés pour des cours d’eau peu agressifs, avec une faible érosion des pentes.
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Chercher la tourbe au fond de l'eau

Ramener la tourbe sur la berge


Chercher la tourbe au fond de l'eau

Chercher les alluvions au fond de l'eau

Remonter les alluvions sur la berge


Chercher les alluvions au fond de l'eau
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Organisation et jeux d'acteurs
Aujourd’hui, le site représente 300 ha, 450 parcelles et un peu plus de 400 îles. Les hortillonnages sont alimentés par deux rivières : la Somme et l’Avre. Ils s’étalent sur les communes d’Amiens, de Rivery, Camon et Longueau. Ils sont parcourus par 55 rieux soit plus de 65 km de canaux. La fertilité de la terre permet de faire environ trois récoltes par an. Enfin, trois écluses permettent de réguler le niveau d’eau.
Les rieux (publics) sont entretenus par les communes avec l’aide de l’association. Les fossés (privés) sont à la charge des propriétaires. Les voisins se partagent l’entretien du canal qui les séparent, entretenant chacun la moitié se trouvant le long de sa parcelle. L’association gère quasiment tout l’entretien car elle est le prestataire le moins cher. En effet, les outils et la main d’œuvre sont fournis par l’association, et seuls les matériaux sont aux frais des propriétaires.
Le bois est privilégié comme matériau de construction dans les hortillonnages. Il est nécessaire de déposer un permis de construire même pour les cabanons. Ceux-ci doivent aussi être démontables, déplaçables et sur pilotis.
On voit avec les hortillonnages d’Amiens, que les techniques et pratiques ont su être préservée tout en s'adaptant aux différents besoins.
"Iles flottantes" de maison de la culture d'amiens
"Les hortillonnages en pli" Pierre-Alexandre Remy